L’émancipation de Zouina dans Inch’Allah Dimanche

par Vittoria

Inch’Allah Dimanche (2001) par Yamina Benguigui raconte l’histoire de Zouina et son déménagement d’Algérie en France. Zouina est la femme d’Ahmed, qui avait s’installé en France pour travailler dix ans auparavant. L’intrigue dépeint la lutte de Zouina face aux défis de vivre dans un nouveau pays, sans sa famille et avec un mari qu’elle connaît à peine. L’histoire se déroule dans les années 70, quelques années après la guerre pour l’indépendance d’Algérie, où la loi du « regroupement familial » est établie en France. Pendant ses années, le Mouvement pour la libération des femmes (MLF) a été fondé « [il] se définit comme mouvement autonome, exclusivement par et pour les femmes ». Malheureusement, ce mouvement n’a pas été fait par toutes ou pour toutes les femmes, comme c’est le cas de Zouina. Dans le film, l’émancipation de Zouina se fait grâce à son désir d’être libre. Ni la femme dans sa propre maison (sa belle-mère), ni les femmes françaises et encore moins Malika, la seule autre personne qu’elle connaît dans la même circonstance qu’elle.

Benguigui démontre aux spectateurs les sentiments et l’évolution du personnage de Zouina surtout à travers les plans et mouvements de caméra. Quand on voit Zouina par la première fois, on peut remarquer que la caméra est en mouvement et que son expression est d’incertitude et insécurité. Pendant les moments de détresse, comme quand elle est agressée par son mari, le mouvement de caméra est chaotique et donne un effet presque nauséeux aux spectateurs, en imitant les possibles sentiments de Zouina durant ce moment-là. À la fin, on a un gros plan sur le visage de Zouina, et pour la première fois, la camera est immobile, se concentrant sur son visage avec calme et tranquillité. C’est à ce moment que nous, les spectateurs, comprenons que Zouina s’est émancipée et retrouvée un peu de son autonomie, celle qu’elle déjà avait en Algérie. Le déplacement causé par la nouvelle loi du regroupement familial peut sembler une chose positive, mais ce n’est pas toujours le cas.

Inch’Allah Dimanche met aussi en avant la question de la supériorité française sur les immigrés, en particulier les non-européens. L’ignorance du gouvernement et des citoyens français est représentée tout au long du film. Le gouvernement pense que la meilleure voie de résoudre un problème ou corriger une erreur passée est de le cacher sous une loi qui semble positive en surface, mais qui ne profitera pas nécessairement à leur public cible. Zouina nous démontre que son « regroupement » n’avait rien de positive. Elle a été forcée de quitter sa famille et sa vie en Algérie pour se réunir avec son mari, pratiquement à l’étranger. Zouina est un exemple de l’effet de l’ignorance gouvernementale sur ses citoyens immigrés.

Dans le film les Français sont aussi complètement inconscients de la culture et coutume des algériens. Les Donzes (bien sûr) et même Nicole ne comprennent rien de ce que si passe avec Zouina, sa famille, et son style de vivre. Dans les interactions entre Nicole et Zouina, la réalisatrice nous montre qu’il n’y a pas un rapport direct entre les deux. Nicole essaie de montrer sa compréhension de ses propres expériences dans ses relations passées, sans prendre en compte le contexte culturel et religieux qui la différencie de Zouina. Zouina, d’autre part, comprend que personne ne peut vraiment l’aider à cause de leur ignorance et se rend compte qu’elle a besoin de s’émanciper elle-même.